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L’Université Lumière Lyon 2 vient de voter un budget austéritaire. Une des conséquences annoncées en est « l’externalisation » d’une partie des fonctions supports de l’université. Le ménage et les espaces verts, voire d’autres fonctions encore, sont donc appelées à être sous-traitées au nom d’un « recentrage » sur le cœur de métier. Les agent∙es concerné∙es de Lyon 2 seraient transférés à un prestataire et verraient leur activité profondément transformée. De fait, un transfert à des sociétés prestataires, mises périodiquement en concurrence, aurait des conséquences délétères sur leurs conditions de travail et d’emploi, sur la qualité du service rendu et sur les finances publiques.
La sous-traitance des fonctions d’entretien condamne les agent∙es à rejoindre un pôle précarisé du salariat d’exécution dans lequel dominent bas salaires, emploi à temps partiel, horaires atypiques et exposition à des risques professionnels démultipliés. La pression sur les coûts se traduit par moins d’équipements de protection, des risques accrus de troubles musculosquelettiques (TMS) et le recours à des produits d’entretien bon marché exposant à des affections respiratoires. Les changements de prestataires se traduisent par des réductions d’effectifs, l’alourdissement de la charge de travail et des horaires toujours plus fragmentés qui désorganisent la vie familiale. Les agent∙es y perdent d’autant plus qu’à chacun de ces changements, ils et elles sont exposé∙s à des risques d’illégalismes allant de la disparition de jours de congés à la non reconnaissance de leur ancienneté. La stagnation professionnelle qui les attend s’apparente ainsi à une double peine : dégradation de leurs conditions de travail et d’emploi sans porte de sortie vers des postes moins pénibles. Il en résulte un cercle vicieux d’absentéisme, de durcissement des pratiques managériales et de baisse de qualité des prestations.
La sous-traitance n’est pas seulement synonyme de maltraitance professionnelle, elle représente également une aberration économique. Elle génère à la fois une perte de qualité des services rendus, un processus de paupérisation, tout en coûtant plus cher au donneur d’ordre. De fait, elle ne vise pas à réduire le budget global de l’université mais uniquement sa masse salariale. Le pilotage de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) s’effectue en effet dans le cadre de « contrats d’objectifs de moyens et de performance » (COMP) qui imposent aux universités de réduire le nombre d’emplois publics au nom d’une règle érigée en principe immuable : la masse salariale ne doit pas dépasser 85 % du budget (arrêté du 5 décembre 2024 relatif aux seuils de soutenabilité budgétaire des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel du ministère chargé de l'enseignement supérieur déterminant les seuils de l’article R. 719-61 du code de l'éducation). Le « gain » de masse salariale s’accompagne d’un alourdissement des charges de fonctionnement, les sociétés prestataires finançant leur marge par la dégradation des conditions de travail des personnels et du service rendu.
A l’arrivée, la sous-traitance n’est pas source de gains et d’économies pour les finances publiques, c’est une source de pertes et de coûts cachés qui dégradent le service public, la santé et les conditions de vie des agent∙es qu’elle précarise. Elle a déjà été instaurée dans certains locaux de Lyon 2, il importe donc d’en stopper l’extension. D’autres universités, comme celle de Grenoble, ont fait ce choix et ont été amenées à faire machine arrière. Nous demandons par conséquent à l’équipe présidentielle de Lyon 2 de renoncer à ce projet. La pénurie budgétaire que subit aujourd'hui l'Université Lumière Lyon 2 est grave et doit trouver une réponse politique de la part du ministère. Nous récusons absolument l’argument selon lequel le sacrifice des emplois d’entretien serait la condition pour sauver des emplois d’enseignement et de recherche. Nous refusons ce chantage qui ne vise qu’à diviser la communauté universitaire.
Stop à la sous-traitance des fonctions essentielles à l’université !
Premier∙es signataires :
Florence Debord, PR, Université Lyon2
Sylvie Monchatre, PR, Université Lyon2
Emmanuel Dockes, PR, Université Lyon2
Emilie Lanciano, PR, Université Lyon2
Sabrina Rouat, PR, Université Lyon2
Claire Flécher, MCF, Université Lyon2
Sophie Béroud, PR, Université Lyon2