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Nous, associations, collectifs, organisations syndicales, citoyen·nes engagé·es ou accompagnant·es de personnes à la rue, élu·es de Loire-Atlantique, demandons à Monsieur Fabrice Rigoulet-Roze, Préfet de Loire-Atlantique, de sortir enfin du silence face aux nombreuses alertes que nous lui faisons parvenir depuis des années sur la situation urgente des personnes sans logement digne et d’assumer l’illégalité des politiques menées par ses services dans notre département.
Il est urgent d’obtenir enfin les chiffres mis à jour de l’état du nombre de personnes sans logement digne dans notre département : nombre de places d’hébergement à disposition, budget alloué à l’accueil des personnes à la rue, nombre d’appels enregistrés par le 115 ayant donné lieu ou non à une solution d’hébergement, nombre d’adultes et d’enfants recensés à la rue.
Il est de la responsabilité du Préfet d’activer son droit de réquisition temporaire de logements vacants, en vertu des articles L.641-1 et suiv. du Code de la construction et de l’habitation. Ces logements disponibles sont au nombre de 42.000 en Loire-Atlantique, dont 17.000 à Nantes, et sont un puissant levier activable par l’Etat pour enfin sortir de l’illégalité de la non-application des lois DALO et DAHO et mettre à l’abri les milliers de personnes à la rue du département.
Un courrier co-signé par cinq député·es de Loire-Atlantique sollicitant une réunion d’urgence auprès de Monsieur le Préfet lui a été transmis le 28 septembre 2025, et n’a reçu aucune réponse de sa part. Ce refus de répondre à des élu·es de la République fait suite à une série d’alertes, de saisines, de sollicitations, de remontées de cas individuels et collectifs, par les élu·es et les associations depuis plusieurs années qui sont systématiquement ignorées par la Préfecture.
Le 28 août 2025, l’UNICEF et la Fédération des acteurs de la solidarité ont publié Le Baromètre “Enfants à la rue” de 2025. Les chiffres avancés confirment l’ampleur de cette honte nationale : 2 159 enfants, dont 503 de moins de trois ans, ont dormi dehors dans la nuit du 18 au 19 août en France. Depuis 2022, leur nombre a bondi de 30 %. En 2023, 855 personnes sont mortes dans la rue selon le collectif Les morts de la rue.
Nous vivons une explosion du nombre de personnes sans logement digne en Loire Atlantique avec plus de 3 500 personnes à la rue dans la métropole nantaise, et des centaines dans l’agglomération de Saint-Nazaire. Trois personnes sont mortes abandonnées dans les rues de Loire-Atlantique cet été, une nouvelle personne est morte à la rue à Nantes en octobre. Ce sont des enfants, des femmes enceintes, des personnes âgées, malades, handicapés qui dorment dans des voitures, des abris de fortune, des bidonvilles ou à même le trottoir.
Les services du 115 se sont révélés depuis des années défaillants en Loire-Atlantique. De nombreuses familles avec enfants doivent appeler parfois des centaines de fois avant qu'une solution d’hébergement pour quelques jours seulement ne leur soit proposée. Ces défaillances révèlent le nombre largement insuffisant de places d’hébergement d’urgence pour respecter l’obligation légale de garantir le droit au logement opposable pour toutes et tous.
De nombreux témoignages des personnes hébergées ainsi que des associations et collectifs les accompagnant pointent également des traitements discriminatoires pour les personnes étrangères face aux personnes ayant la nationalité française, ce qui serait une atteinte inacceptable à l’égalité de toutes et tous devant le droit d’accéder à un logement.
Par ailleurs, les rares solutions d’hébergement d’urgence proposées sont trop souvent indignes. Ainsi, des hébergements insalubres (moisissures, cafards, punaises de lit, etc.) poussent parfois les familles à retourner à la rue.
Nous avons été alertés de la suppression prévue de 400 places d’hébergement, soit un tiers des places existantes déjà en nombre insuffisant dans le département, et de lieux d’accompagnement comme l’auberge de jeunesse de la Manufacture gérée par l’association Aurore. D’autres alertes nous sont parvenues de possibles suppressions de lieux d’hébergement sur d’autres communes du département, comme Une famille Un toit, fermé en juillet à Saint-Nazaire ou bien des expulsions suivies d’une fermeture définitive des logements alors libérés.
Cette situation de crise nécessite une réponse rapide de la part du Préfet envers les élu·es et citoyen·nes afin d’assumer la responsabilité de l’Etat dans la situation d’illégalité actuelle dans laquelle la Préfecture se trouve, en n’appliquant pas les lois DALO (droit au logement opposable) et du DAHO (droit à l’hébergement opposable) dans le département.
Nous demandons donc collectivement à Monsieur le Préfet de Loire-Atlantique de fournir une réponse aux associations et aux élu·es sur l’état des lieux des personnes sans logement digne dans le département, sur les moyens déployés ses dernières années par la Préfecture pour y faire face, et sur les raisons de son refus d’activer son droit de réquisition temporaire de logements vacants pour loger les personnes qui dormiront à la rue cet hiver.
Premiers signataires :